December 10, 2013 | Quote

Face à l’Iran, les Républicains Saluent la Fermeté de la France

«Vive la France!» a tweeté le sénateur républicain John McCain ce week-end après la fermeté de Paris sur le dossier du nucléaire iranien. Les Français ont eu «le courage d'empêcher un mauvais accord avec l'Iran», a-t-il ajouté. Son vieux complice Lindsay Graham est tout aussi positif sur la volonté de Laurent Fabius de ne pas accepter «un accord de dupes» avec Téhéran. «Dieu merci pour la France…», a lancé l'élu de Caroline du Sud sur CNN, qui ne veut pas «d'une Corée du Nord au Proche-Orient!».

Cette francophilie en dit long sur les profondes réticences que suscite au Congrès la négociation engagée par l'Administration Obama avec Téhéran. Beaucoup d'élus, démocrates comme républicains, ont peur que les colombes de la Maison-Blanche, soucieuses d'éviter une confrontation armée, ne soient prêtes à accepter un accord mal ficelé, qui ne ferait que donner du temps à Téhéran pour construire la bombe, comme il y a dix ans. En ce sens, «ils sont en phase avec les préoccupations de la France, qui ne veut pas d'un accord au rabais», note une source diplomatique française. Une intéressante alliance des «faucons» se dessine de facto entre Paris, Jérusalem, le Congrès et les monarchies du Golfe, ­anxieuses d'un accord avec la Perse qui se ferait sur leur dos.

C'est donc sur ces multiples fronts extérieurs et intérieurs que la diplomatie américaine va devoir se mobiliser d'ici au 20 novembre, après un week-end qui a vu capoter l'accord espéré à Genève. L'Iran et le groupe 5 + 1 (qui comprend les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Chine + l'Allemagne) continuent de parier sur un succès – Paris y compris. Mais le secrétaire d'État John Kerry, qui rentrait ce lundi à Washington avant d'être entendu sur la colline du ­Capitole, va devoir convaincre le Congrès de laisser du temps à la négociation, alors que les élus veulent voter dès cette semaine un nouveau train de sanctions.

Arrivée tardive

Aux États-Unis, divisés sur le dossier, certains sont tentés de taper sur la France et de lui faire porter la responsabilité de l'échec du week-end. Le blog de Josh Rogin, The Cable, s'est fait l'écho de propos de diplomates qui dénoncent l'immixtion supposément tardive de Paris dans la négociation et affirment que la fermeté française a pris Kerry par surprise. Mais cette description ne semble pas tenir la route, vu le dialogue étroit que Paris entretient avec Washington et les parte­naires du groupe 5 + 1 depuis des mois. «Sous-entendre que la France s'est pointée au dernier moment, alors que nous sommes depuis dix ans en première ligne, c'est très étonnant», note une source française. Les diplomates de l'Hexagone balaient aussi les arguments des mau­vaises langues washingtoniennes qui affirment que Paris a voulu se placer auprès des Saoudiens dans l'espoir de leur vendre armes et centrales. «Il faut être sérieux, le nucléaire iranien est un sujet trop important pour qu'on raisonne à ce niveau: notre position est de principe, note la même source. La France ne voulait pas d'un accord précipité sans mécanismes clairs de vérification et a posé des conditions de bon sens, notamment sur l'arrêt de la construction de la centrale d'Arak et sur les limites du droit à l'enrichissement de l'Iran.» Nombre d'experts à Washington, comme Mark Dubowitz, de la Fondation de la défense des démocraties, font d'ailleurs l'éloge des «compétences techniques» uniques des négociateurs français sur le nucléaire iranien, jugeant qu'ils sont les seuls à faire le poids face aux roués négociateurs persans.

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Iran Iran Sanctions